Une nouvelle vie... [PV Tsukiyo]

Contexte : Suite de "Partir pour ne jamais revenir" où une jeune Kunoichi nommée Tsukiyo déserte Kiri et se retrouve à la frontière du pays de la pluie après des jours et des nuits de cavale pour fuir le plus possible. Le jeune héritier du clan Hôtobi est fatigué de ses nombreux entraînements qui n'aboutissent à presque rien, il finit par se persuader qu'il n'y a plus d'espoir alors il quitte le village le temps d'une nuit pour se rendre dans les plaines pour essayer de se souvenir de la fille que Konoha avec qui il avait un peu sympathiser. les deux se rencontrent, parlent et finissent par se sentir observés, Shintô décide donc d'emmener la jeune femme dans son village...Que va t-il se passer ?

Les regrets…Oui, il savait à quel point c’était douloureux, ce qu’il savait aussi, c’était que son seul et unique regret était de ne pas être mort avec sa famille entière, vivre complètement seul, savoir que personne ne vous attend, il n’y a pire que ça comme affliction pour un être humain. Se sentir inutile, ne pas se sentir apprécié ne serait-ce aux yeux que d’une seule personne, c’était quelque chose que personne de peut supporter quelque soit votre mental d’acier, quelque soit votre détermination. Tout en marchant dans l’herbe humide qui entourait les arbres de la forêt qui bordait Amegakure no satô, Shintô repensait aux évènements qui avaient marqués sa vie et à chaque fois, sa mémoire s’arrêtait à un certain évènement, une certaine nuit d’automne, une certaine nuit qui symbolisait habituellement son anniversaire qui aurait dû être fêté comme chaque année. Mais au lieu de ça, il était tombé au beau milieu des cadavres, les voyant tomber un à un, regardant avec horreur les corps inertes carbonisés par les flammes de l’incendie. Pourquoi lui ? Pourquoi était-il le seul survivant, au début, il s’estimait plutôt chanceux d’être encore en vie mais des années après, après avoir mûri et réfléchi, il se rendait compte que son existence ne se raccrochait qu’à une chose, la guerre et la bataille étaient ses seules raisons d’exister à ce jour. Lorsqu’il lui posa la question au sujet de son œil, elle lui répondit que cela n’avait aucune importance puisque cela faisait parti du passé. Le jeune homme hocha la tête en signe d’approbation, il ne fallait plus repenser aux évènements antérieurs s’ils n’étaient pas heureux. Lui n’avait plus à se soucier de ça puisqu’à l’intérieur, il se sentait comme inexistant, mort et détruit. Selon lui, il avait subit la plus grande des douleurs, la solitude, quelque chose de très complexe, quelque chose qui peut mener à la folie. Son déménagement à Konoha ne fut guère de tout repos, là-bas, il était traité de monstre, d’abominable être, de démon à cause de ses origines, le pays du feu et le pays de la pluie n’entretenaient pas de bonnes relations, entre eux, il n’existait qu’une seule manière de vivre, c’était la guerre et les conflits, jamais on ne parlait de ces deux pays sans parler de batailles qui ont marqués l’histoire du monde Shinobi. Cependant, il avait un jour trouvé un garçon qui semblait comprendre sa douleur et même mieux, la vivre comme lui, il s’appelait Naruto Uzumaki, il n’avait jamais très bien comprit pourquoi il était rejeté par les autres gamins lui, mais il savait qu’au fond, ils étaient pareil tous les deux, ils vivaient absolument la même chose. Il se demandait d’ailleurs si il était lui aussi resté si seul ou s’il était maintenant plus serein qu’à l’époque. L’adolescent ferma les yeux et huma le doux parfum de l’herbe, mais désormais, il avait tiré un trait définitif sur son passé, il ne voulait plus s’en souvenir, c’était bien trop douloureux de se souvenir de quoique ce soit, de se souvenir de son père et de son frère qu’il n’avait jamais vu. Vous l’avez bien comprit, le jour de l’assassinat du clan, la mère du Genin était enceinte, elle portait dans son ventre, un enfant, un garçon. Il était tellement heureux à cette époque là, il souriait et annonçait à tout le monde qu’il allait avoir un petit frère, il serait sans doute devenu un Ninja formidable s’il avait vu le jour, il en était convaincu, qu’il serait un bien meilleur Shinobi que lui-même. Il était cependant inutile de revenir sur les anciens espoirs et aspirations, il le savait bien mais ces souvenirs, c’était la seule chose qu’il lui restait, c’était comme un petit coffret où étaient gardés des secrets, des choses qui signifiaient beaucoup de choses avant son arrivée à Ame. Lorsqu’il fut revenu, il ne fut pas acclamé, bien au contraire, sa famille faisait partie de ces « traîtres à la patrie » qui avaient renoncés à faire la guerre contre Konoha en compagnie d’Hanzô la salamandre, il fut donc roué de coups par les gardes de la grande tour de Métal avant d’être accepté en tant que simple Ninja en passant par quelques tests à l’académie. La seule chose qui comptait désormais, c’était de vivre sa vie au jour le jour, il était devenu une âme en peine qui errait sans grand but précis, un soldat de la pluie qui se cherchait une raison de vivre, un garçon cynique et malheureux…

L’aube peinait à se lever en cette matinée de Mai plutôt fraîche pour la saison, les nuages masquaient le ciel, d’un autre côté, ce n’était pas très étonnant pour ce pays, il ne se nommait pas « Pays de la pluie » pour rien non plus. Les premières gouttes commencèrent à tomber alors qu’ils arrivèrent à la lisière de la forêt, à ce moment là, la jeune femme nommée Tsukiyo lui proposa une pomme qu’il refusa poliment, bien qu’il n’eut pas mangé ces deux derniers jours, il n’avait plus goût à ça, en réalité, il avait perdu toute envie, il n’était plus motivé, la seule chose qui le préoccupait, c’était d’obtenir de la puissance qu’importe les moyens, il voulait régner sur le monde des Shinobis pour faire cesser la souffrance dans le monde, il voulait que les gens puissent travailler main dans la main quelque soit l’origine ou le pays, il voulait qu’un jour, la paix règne dans le cœurs des hommes. Un tissu d’illusions, de mensonges qui pourtant lui donnaient la force de continuer à vivre, chose étrange non ? Il souhaitait aussi revoir cette fille, c’était aussi un rêve irréaliste, une illusion, le garçon en était sûr, il ne reverra plus jamais cette fille, il ne la reverra que le jour de sa mort. La jeune fille de Kiri lui déclara ensuite qu’ils ne pourraient entrer dans ce village aussi facilement ce qui eu pour effet de le faire sortir de ses pensées. Il hocha positivement la tête, elle avait raison sur un point, mais le jeune homme se savait expert dans l’art de manipuler les gens, il trouvait toujours une solution à toutes les situations, il l’emmena donc vers les immenses portes métalliques qui montraient à quel point l’armée du village était puissante. Comme prévu, quatre gardes étaient positionnés à l’entrée, ils attendaient patiemment qu’ils approche pour les contrôler, un sourire sadique au visage, l’un d’eux montra sa hache tâchée de sang frais. L’adolescent grimaça, quelqu’un s’était donc fait tué le matin même, avec un psychopathe comme ça pour contrôler les entrées et sorties, la tâche devenait nettement moins facile, il fallait à tout prix qu’il fasse passer la jeune borgne. Il s’approcha avec un air hautain qui n’exprimait point sa peur malgré que des gouttes de sueur tombaient du haut de son front. Lorsqu’il franchit la porte, les mains dans les poches, le garde sanguinaire n’eut d’autre choix que de le laisser passer, il portait le bandeau frontal des Ninjas du pays ainsi que sa tenue réglementaire. Cependant, il bloqua le passage à la jeune femme, lui pointant le kunaï à la gorge, l’air calme et tranquille Shintô lui lança d’un ton froid :

"Laisse-la passer, elle est avec moi !"
"Pourquoi devrais-je ? Et puis, qui me prouve qu’elle n’est pas là pour faire un coup d’état !"
"Tu es donc aussi craintif ? Que dirait Dieu s’il t’entendait ? Tu me répugnes Hôzaki, tu nuis à la réputation des Ninjas d’Ame…"
"Comment oses-tu ? Très…Bien…Qu’elle passe au nom de Dieu !"

Les autres gardes s’écartèrent pour laisser la place à Tsukiyo, l’héritier du clan Hôtobi attendait à présent la réaction de la Kunoichi face à cet affrontement verbal, il espérait en tout cas qu’elle joue le jeu et qu’elle passe sans faire d’histoires mais à ce moment là, le Chûnin dénommé Hôzaki le plaqua contre le mur lui faisait littéralement éclater le dos, de plus, le choc fut tellement violent et inattendu que le garçon n’imposa aucune réaction, du sang coulait le long de sa lèvre inférieur alors que son adversaire le tenait au cou, il se rapprocha de l’adolescent et lui murmura :

"Mais je te préviens…Hôtobi…S’il y a un quelconque problème au village, tu seras exécuté en même temps que ton « amie »"
"Je ne suis pas un lâche, je ne me défilerais pas, que la mort m’emporte si j’agis mal…"

Le Chûnin le lâcha soudainement ce qui eu pour effet qu’il tombe comme un ramassis d’ordure, il était assis par terre, les yeux levés vers le ciel entrain de se demander s’il se souvenait de la définition du mot « Espoir », expression qui n’avait plus refait surface depuis pas mal de temps pour le jeune Genin. Il regarda ensuite Tsukiyo et lui fit un signe de tête pour lui dire d’avancer tout en se relevant en essuyant ses habits salis…

Marchant tranquillement derrière le jeune ninja du village d’Ame, la kunoichi observait son ombre effilochée qui s’étendait devant elle et suivait ses pas, ses gestes un peu maladroits aujourd'hui. La forme sombre et maigre lui donnait l’impression d’avoir affaire à un monstre qui lui collait à la peau mais après tout, c’était peut-être ce qu’elle était au final. Au fond, elle ressemblait intérieurement à une créature ténébreuse dont la haine pour les habitants de Kiri avait atteint son apogée en ce jour. Cette animosité n’avait jamais cessé de croître et avait fait naître cette ombre sans cœur qui l’avait poussé à déserter avant de commettre l'erreur d'un crime à l'intérieur même de son village, sans doute celui de sa propre famille. Elle avait écouté cette voix résonnant sempiternellement la même rengaine : « enfuis-toi, laisse les pourrir ou tue les ! Ne moisis pas ici ! ». Ces mots qui lui semblaient sensés, pourvus de sens. Le fait qu’elle n’ait aucune racine, aucune attache lui fit comprendre qu’elle n’avait pas la moindre raison de continuer à se mentir. Elle ne gagnerait jamais rien si elle stagnait et ne pouvait laisser libre court à ses envies pour choisir sa vie. Et cela elle ne le souhaitait pas, elle voulait évoluer ou tout du moins essayer.
La jeune femme était ravie, si c’était possible de ressentir une telle chose pour elle, de ne plus voir la brume de son village, envahir son champ de vue déjà réduit et assombrir encore plus ses pensées pessimistes. Dans sa ville natale, le brouillard était presque un quotidien auquel il fallait s'habituer. Pour une fois en dehors de ses rares sorties de Kiri, elle admirait le paysage clairement sans que rien de brumeux ne gâche le panorama qui s'étendait face à elle. La forêt qu’ils traversaient lui semblait moins menaçante sans cette fumée blanchâtre qui se glissait entre les jambes des promeneurs avec cet air de menace fantomatique. Elle pouvait distinguer ses pieds bottés couverts de boue et les innombrables racines d’une taille époustouflante qui jonchaient le sol comme un labyrinthe sinueux et traître, qu'on aurait dit être fait pour faire choir le visiteur malvenu. Il aurait donc été aisé de se tordre la cheville en trébuchant mais prudente, elle y prenait particulièrement garde. A ses yeux, cette « promenade » était presque agréable tant les lieux lui était nouveau et l’éloignait plus encore de ses anciens souvenirs, enlevant une épine douloureuse enfoncé dans son cœur. Cela lui faisait du bien de voir autre chose que le bord embrumé de Kiri ainsi que l’étendue infinie d’eau qui semblait presque infranchissable pour une genin désespérée qui n'avait pour espoir que celui de fuir sa prison. Regardant l’horizon, elle vit qu’ils sortaient de la forêt et ils ne devraient pas tarder à aboutir à leur destination où elle se demandait ce qu’il adviendrait devant la porte du village. Elle reporta son regard sur le dos de Hôtobi. Il était bien plus jeune qu’elle mais il semblait avoir du vécu contrairement à ce qu'elle aurait cru au premier abord. Elle pensait que tous les jeunes de son âge étaient des écervelés qui ne réfléchissaient pas à leurs actes, fonçant têtes baissées et qui ne savaient encore rien de la vie. Pourtant devant elle, marchait un garçon qui lui aussi portait une ombre, un peu différente de la sienne mais une ombre quand même, et il paraissait avoir souffert et s’être forgé seul. Il avait grandi en autodidacte alors. Elle ne savait pas quoi en penser mais elle se sentait moins seule soudainement. Combien de personnes comme eux subissait cette solitude pesante et étaient contraints de faire avec, finissant par s’y habituer ? A tel point que parfois, ils en devenaient asociaux. C’était bien pour cette raison que la jeune femme ne savait pas comment se comporter avec les autres et ne comprenait pas les bases les plus évidentes pour certains. C'était aussi pour cette raison que la jeune femme se méfiait de tout le monde et tout le temps et qu'elle ne distinguait pas réellement ses erreurs. La lune avait fini par décliner laissant peu à peu place à l’aube tandis que Tsukiyo était surprise que le temps soit passé aussi vite sans qu'elle s'en aperçoive. Et dire qu’encore cette nuit là, elle n’avait pas eu l’occasion de dormir ne serait-ce qu'un peu. Elle le ressentait dans ses jambes, elle avait la sensation qu’elle allait les perdre et s’affaisser sur le sol cependant elle tenait bon. Avoir mangé une pomme lui avait redonné un minimum de force pour continuer.
Ils finirent par arriver devant d’immenses portes de métal et elle resta bouche bée, du moins intérieurement, devant celles-ci. Il y avait quatre gardes qui veillaient à la sécurité et elle se demanda ce que comptait faire le jeune d’Ame pour les faire passer tous les deux. Surtout que ces hommes n’avaient vraiment pas l’air commode. Il se dirigea vers l’entrée sans s'en soucier sembla-t-il, il pu franchir la barrière et il s’attendait apparemment à ce qu’elle le suive, ce qu’elle fit sans dire un mot. Bien entendu, les gardes lui barrèrent la route et elle ne montra aucune peur, ne fit pas le moindre geste pour s’opposer à eux, ni ne les défia du regard. Tant qu’il ne l'agresserait ni physiquement ni oralement, elle n’agirait pas contre eux. Le jeune ninja demanda à ce qu’on la laisse passer mais le garde qui possédait une immense hache tachée de sang y était réticent. Il prétextait qu’elle pourrait monter un coup d’état. A vrai dire seule, elle ne pourrait pas grand-chose et cela se voyait qu’elle n’était que genin. Certes il ne fallait jamais prendre les risques à la légère mais c’était tout de même beaucoup pour une jeune fille comme elle. Quoi qu’il en soit, il se décida à s'écarter suite aux paroles que lui lança le genin d’Ame. Elle faisait profil bas mais quand le garde plaqua violemment Shintô contre le mur le faisant saigner à la lèvre, Tsukiyo s’apprêta à s’interposer mais une main pesante et puissante s’appuya sur son épaule et tournant la tête, elle croisa le regard réprobateur d’un des gardes, possédant une épée longue et affutée à souhait qu'il glissa devant elle. Ses poings se crispèrent et elle se mordit la langue pour ne rien dire. Elle désapprouvait totalement l'attitude du garde mais n'appartenant pas au village, elle n'avait pas son mot à dire et le dénommé Hôtobi ne se plaignait pas du traitement qu'on lui faisait subir. Elle soupira, attendit que se calme l'homme à la hache et quand il lâcha le jeune homme, elle se rendit à ses côtés et d'un coup d'oeil qu'elle espéra discret vérifia qu'il allait bien en dehors de sa lèvre. Il ne semblait pas avoir d'hématomes sur les bras mais son dos avait du souffrir un peu plus. Le genin d'Ame lui fit signe de le suivre mais Tsukiyo resta un instant interdite à l'entrée en fixant le bourreau qui lui aussi la détaillait dangereusement.

- Qu'est ce que tu as à me regarder comme cela, je ne devrais même pas te laisser passer...
- Je me demandais juste quel genre de personne pouvait agresser quelqu'un de son propre village sans qu'il soit particulièrement coupable de quoi que ce soit. Une mise en garde verbale aurait probablement suffit.

Elle n'aurait probablement pas du parler à ce moment là mais cela avait été plus fort qu'elle et lorsqu'elle vit le visage de l'homme tourner au rouge vif, elle se demanda si ce qu'elle avait dit n'était pas mal passé. Elle pencha la tête sur le côté, observant les autres gardes qui ne semblaient pas avoir réagi pareil. Levant sa hache, le garde s'apprêta à l'attaquer et elle ne bougeait pas du tout de son emplacement. Elle n'était pas effrayé et s'il lui portait un coup, bien que ce serait fatal, elle ne ferait pas l'effort d'esquiver. C'est peut-être pour cette raison qu'un de ses collègues arrêta la lame en s'interposant avec sa gigantesque épée. Les deux autres se tenaient juste à deux pas de Tsukiyo au cas où. Elle réalisa alors qu'il lui appartenait de s'excuser mais elle ne savait pas vraiment comment s'y prendre. Elle regarda Shintô et avant que l'homme à l'épée prenne la parole tel qu'il voulait apparemment le faire, la genin s'exclama :

- Pardonnez mon offense, c'est que je suis maladroite dans mes paroles mais ce n'était en rien un reproche. Je ne cherche pas le moins du monde à nuire au village de la pluie.
- Dans ce cas, tu devrais mieux te taire. lui répondit l'homme qui l'avait protégé.
- Je me souviendrais de ce conseil avisé.

Elle s'approcha du jeune Shintô et s'excusa de causer des ennuis, se taire n'était pas aisé dans une telle situation. Elle espérait que les gardes ne lui en tiendraient pas rancoeur mais soudain elle en douta fortement. Si c'était de sa faute, ce serait plutôt à elle d'en subir les dégâts. Hors elle impliquait quelqu'un d'autre. Sa maladresse à se comporter avec les autres était sans nul doute un fardeau. Elle se devait de faire attention et en l'occurence semblait-il, de se taire désormais.

[HS : ahem vraiment désolée du résultat là.]

"Monstre ! Être abject ! Ta race a tué mon grand-père ! C’est ta faute !"

Ces mots résonnaient dans la tête du garçon, durant tant d’années, on lui avait fait croire que le village d’Ame était responsable de toute les atrocités commises pendant les guerres, on accusait toujours à tort un village qui n’avait que la guerre, un endroit où les grandes nations avaient tirés profit. Mais bien sûr, il ne fallait surtout pas révéler au monde entier que la nation du feu avait déchiré des familles pour restituer ce que les habitants appellent la paix, oui, ils avaient changé le village de la pluie en un horrible champs de bataille, ils avaient réduit le peuple en esclaves ou s’ils s’opposaient à leurs lois, ils les tuaient, un à un. Quelque chose que les livres d’histoire ne révèleront jamais, le pays de l’eau qui tombe du ciel a toujours été considéré comme abject à cause des nombreuses guerres mais mérite t-il réellement cette réputation ? Les gens ne voient donc pas plus loin que le bout de leur nez ? Ils se contentent d’apprendre ce que leur donne ce qu’ils appellent la réalité, pourtant, ils ne cherchent pas à savoir s’il s’agit de mensonge ou de vérité. La seule raison pour laquelle il n’était pas devenu fou alors que les habitants du village de la feuille lui faisaient subir des tortures psychologiques ? C’était parce qu’il y avait ce garçon, un jeune Chuunin qui s’était occupé de lui durant les deux premières années. Les conflits ont ensuite reprit à cause d’un homme nommé Orochimaru, bien qu’ils furent de courte durée, cet infâme Ninja a détruit une bonne partie du village. A ce moment là, c’était la panique totale, la foule se bousculait pour échapper aux subordonnés du Sannin, parmi ces gens, un petit garçon abandonné au milieu du chaos. Il tremblait en voyant ces immenses serpents, il avait peur, il ne savait pas comment s’échapper, lui, un gamin de dix ans qui n’était pas encore diplômé à l’académie des Shinobis. Un bâtiment s’écroulait alors qu’il courrait le plus rapidement possible pour se mettre à l’abri des chutes de pierres et murs. Les corps de certains soldats jonchaient au sol, certains étaient encore en vie, ils appelaient à l’aide, ils criaient leur désespoir et puis dans un dernier souffle murmuraient le nom de leurs proches. Tapis dans l’ombre, l’enfant sortait avec beaucoup de difficultés de derrière les débris, il contempla le spectacle avec horreur, les larmes semblaient lui monter aux yeux. Puis, quelques secondes après, il avait changé, il était différent, son regard n’était plus le même, au lieu de se lamenter il avait cet air si froid et distant qui émanait de lui, il serrait un kunaï ensanglanté dans la main. Il s’approcha d’un adversaire presque mort et l’acheva, à seulement dix ans, il venait de commettre son premier « assassinat », cette sensation n’était pas agréable du tout mais cela apaisait grandement la haine qui montait doucement en lui, cela calmait les pulsions d’un enfant devenu un demi démon. Durant les jours qui suivirent, le gamin chercha en vain celui avec qui il avait tout partagé, le seul Ninja de la feuille qu’il considérait comme un remplaçant de sa famille, le seul en qui il avait eu confiance après la mort de son clan. Alors qu’il sortait de son appartement, le garçonnet s’aventurait seul dans les ruelles de Konoha, comme d’habitude, les autres enfants se retournèrent sur son passage avant de tressaillir et de s’enfuir en courant, la routine pour l’étudiant à l’académie, une fois de plus, il allait chercher son ami disparu. Peut-être que lui non plus ne voulait plus le voir car après la bataille où le village subit de lourdes pertes, les habitants lui en voulurent encore plus, ils lui répétaient sans cesse que la cause de cette attaque, c’était lui. Quelques jours plus tard, le garnement sortait une fois de plus de l’appartement, cette fois-ci cependant, il n’allait pas en cours, il n’allait pas non plus chercher le Chuunin puisque cette fois-ci, il savait où il se trouvait. Habillé entièrement en noir, il abaissa ses lunettes et ignora la pluie qui tombait, le ciel qui pleurait de nombreuses victimes de ce monde injuste. Parmi elles, le troisième Hokage, une grande perte pour le village de Konoha qui n’avait plus de dirigeant à cette heure. Pendant que beaucoup plaçaient une rose blanche sur la stèle en mémoire du troisième du nom, le gamin s’éloignait de la foule et se rendait au terrain d’entraînement numéro sept, là-bas, de nouveaux héros venaient de voir le jour. Placée dans un endroit reculé, une tombe rappelait chaque jour aux guerriers qu’il ne fallait jamais se défiler devant son devoir, devant la mort en d’autres termes. Si on essaye de sauver ses compagnons, la guerre peut se poursuivre jusqu’à la nuit des temps, si l’on apprend à sacrifier ses camarades, les conflits pourront peut-être cesser dans les plus brefs délais, voilà ce qu’on apprenait à l’académie. Le professeur répétait sans cesse que si l’on mourrait au champ de bataille, on sera considéré comme un héros, une politique qui plut à beaucoup de jeunes gens qui ne se rendaient pas compte à quel point ils étaient égoïstes. La mort en soit n’est pas si horrible pour l’être défunt, le plus horrible revient aux survivants qui s’en veulent un peu plus chaque jour de ne pas avoir été assez fort pour ne pas avoir pu protéger son camarade, les survivants qui pleurent chaque jour l’ami qui est mort le sourire aux lèvres pourtant, l’ami qui a cru être devenu un héros devient un mort parmi tant d’autres sacrifiés. Faire son deuil, se présenter au testament, une étape tellement dure à surmonter qu’elle nous parait parfois insurmontable car pour la première fois, on se rend compte que la personne avec qui on a partagé rêves, aspirations, peines et souffrances n’est plus avec nous pour nous aider à surmonter les coups durs, on se rend compte une fois devant la tombe que certaines disputes étaient inutiles, que certains coups de gueule n’auraient pas dû avoir lieu. Mais il est trop tard pour éprouver du remord et du regret, l’ami est mort et ne reviendra plus, un être qui vous est cher, il faut en profiter au maximum avant la séparation, avant la toute fin de cette amitié…

Ce passé lui appartenait, cette histoire et cette morale également, la vie du jeune Shinobi d’Ame est résumée tel un poème qui s’achève lors de la mort de l’être cher. Après ce qu’il considérait comme le second échec de sa vie, Shintô avait complètement perdu goût à la vie, il vivait sans aucun objectif, il errait sans rêve ni but, il était un guerrier sans sentiments, cruel et distant. Pourtant, on ne pouvait pas dire qu’il avait cherché cette maudite tragédie, au contraire. Mais qu’était devenu le garçon souriant et rieur ? Avait-il complètement disparu ? Ou était-il enfermé dans une partie du corps du garçon ? Le mystère reste entier. Pour revenir à Tsukiyo qui venait de s’embrouiller avec des gardes, elle marchait lentement à ses côtés alors qu’il essuyait le sang qui coulait le long de sa lèvre inférieure. Peu de temps après, la jeune femme s’excusa de s’être emportée avec les gardiens du village, il lui répondit calmement que ce n’était rien et que ce genre d’incidents pouvaient arriver. Après tout, elle n’était pas la première à avoir des ennuis avec ces responsables de la sécurité, il se trouve que comme par hasard, alors que les mêmes gardes étaient responsables de contrôler les entrées et sorties, un jeunot venu de Konoha s’était fait tapé dessus. Mais quelle déchéance, où allait ce village où il y a quelques temps, les habitants étaient fiers d’être considérés comme des rebelles, la guerre civile approchait-elle ? Non, Dieu ne permettrait sûrement pas une telle chose, il anéantirait quiconque lui parlerait de guerre. L’héritier du clan Hôtobi marchait tranquillement, l’air pensif, il se demandait ce qu’allait devenir Tsukiyo, une autre question le perturbait, il se demandait pourquoi la jeune Kunoichi ne l’avait pas tué, il avait pourtant plusieurs fois baissé sa garde, attendait-elle leur arrivée au village pour se débarrasser de lui ? Ayant été élevé dans l’incertitude et la méfiance, c’était tout à fait normal de penser de telles choses, celui qu’il considérait autrefois comme son ami et senseï lui avait toujours dit qu’un adversaire préférait arriver en territoire ennemi avant de tuer la personne qui l’avait fait entré, de cette façon, on pouvait facilement croire à un suicide si on était un peu dupe. La question commençant à le hanter, il dit à l’ancienne Ninja de Kiri d’un ton morose :

"Dis-moi…Pourquoi tu ne m’as pas tué ? J’ai pourtant…Baissé ma garde"

Il mit ensuite la main dans le dos et descendit doucement vers sa pochette arrière, il ouvrit ensuite l’objet à l’aide du bouton et sortit sa clef. Il se retourna vers la jeune fille, sa vie maintenant ne dépendait pas de lui mais plutôt de celui qui dirigeait le village, la vie de Tsukiyo dépendait de Dieu et de l’autre homme qui ne se dévoilait que très rarement, on parlait d’un grand homme à la cape noire et un masque. Shintô ne l’avait jamais vraiment vu de ses propres yeux mais il croyait fortement en son existence, il était convaincu que si cet homme était à Ame, c’était pour sortir ce village de la misère pour qu’il revoit enfin le jour après des années de guerre et de déchéance. Plus confiant, il ouvrit la porte qui menait à son appartement, il était prêt à accepter la présence de la jeune Ninja à ses côtés, il était prêt à défendre sa cause auprès de son maître, son dirigeant et son Dieu, il était prêt à débattre avec Pein. Mais avant ça, il fallait qu’il connaisse les ambitions de la fille, il fallait qu’il en apprenne plus sur elle, si ça trouve, elle voulait juste rester là en tant que civil et ne pas revivre les horreurs qui créent les Shinobis dans ce monde, elle était peut-être venue dans ce village dans l’espoir qu’on la garde et qu’elle puisse vivre paix. Il lui fit donc le signe d’entrer dans son humble appartement et lui proposa quelque chose à manger ou à boire, il aperçu soudain son livre sur la table, c’était le livre de psychologie qu’il avait volé à Mizoe. Pour qu’elle ne fasse pas attention à ce petit détail, il se tourna vers et dit nerveusement :

"Quelles sont tes intentions ici ? Souhaites-tu faire partie de l’armée ?"

Il lui laissa ensuite le temps de réfléchir un peu et se retira un peu plus loin où l’ombre domptait la lumière, d’ici personne ne pouvait le voir, il était complètement plongé dans la pénombre, il attendait avec impatience la réponse de la jeune Kunoichi…

Toute la haine qu’elle avait ressentit auparavant envers Kiri et ses habitants s’amenuisait tandis qu’elle se tenait à distance de ces lieux. En faisant la rencontre d’un shinobi et en entrant dans le village d’Ame, elle avait franchi une frontière et une part de sa rancœur devait être restée dans son ancien village. Un poids venait de lui être enlevé mais ce n’était que temporaire car le passé finissait toujours par revenir au grand jour et parfois plus violent qu’avant L’ombre était toujours là avec elle, sommeillant pour le moment mais attendant de s’éveiller. Elle ne voulait pas y repenser dès maintenant mais à force de marcher ainsi jusque chez le jeune Hôtobi, elle venait de réaliser à quel point sa fuite n’était finalement pas si banale. En une seule nuit, cette désertion l’avait mené dans un autre pays en un minimum de temps. Elle avait envisagé devoir affronter les gardes de son village où d’être rattrapée, bref tout conflit plausible mais pas un instant, elle n’avait pensé rencontrer un insomniaque d’Ame qui lui dirait de le suivre dans son village. Combien de chances y avait-il qu’ils se croisent ce soir là : était-ce ce qu’on appelait le destin ? Elle n’aimait pas trop cette idée car parfois le destin pouvait se révéler être une fatalité et cela voudrait dire que l’on ne possède pas de choix. Si tout était tracé d’avance, que l’on avait pas réellement de libre-arbitre, serait-ce réellement vivre ? Et si le destin fut que Kiri la retrouve…
Si Kiri la retrouvait, elle serait alors une véritable proie mais elle s’était toujours considérée comme telle dans son pays natal, prisonnière de la brume, condamnée à obéir à un peuple qu’elle haïssait, alors cela changerait peu. La course s’arrêterait cependant car elle n’aurait jamais le dessus par rapport aux ninjas, c’était certain. Elle ne souhaitait pas que cela se termine ainsi mais elle avait franchi les limites qu’un état tolère de la part des ninjas à sa solde, trahissant sa patrie. Qui plus est, la kunoichi se trouvait à présent sur un territoire ennemi mais étrangement, elle ne s’y sentait pas mal à l’aise. Pourtant on ne pouvait pas décrire le paysage comme accueillant mais cette ambiance lourde ne la suivait plus. Au moins, elle ne croisait ses parents honteux d’avoir une jeune fille borgne qu’ils avaient abandonnée à son sort. Ce dont elle avait le plus souffert, ce n’était pas de sa blessure pourtant grave mais plutôt de l’absence d’affection de la part de ses géniteurs. Quoi de plus douloureux pour une enfant qui attendait impatiemment un peu de soutien ? Durant le temps qu’elle était restée à l’hôpital, pas un des deux ne lui avait rendu visite. La seule présence qui fut, en dehors des médecins, était celle de celui qui l’avait amené blessée auprès de ninjas médecins. Il était passé voir si elle allait mieux mais il avait du repartir car il était ici en mission et ne venait pas de ce village. Elle ne se rappelait pas du tout de son visage mais c’était le seul contact apaisant qu’elle avait ressenti depuis et elle avait grandement déploré son départ. Se retrouvant complètement seule, elle avait entretenu de la rage envers ses personnes qui ne se souciaient pas de sa douleur et de sa solitude si pesante. Elle se ressassait finalement ces événements qu’elle n’aimait pas revoir et qu’elle croyait évincer peu à peu. Cela n’avait heureusement pas la même portée puisqu’elle était sortie de la ville qui entretenait sa haine. Elle était plus posée, un peu plus sereine mais cela ne l’empêcha pas de passer sa main sous sa mèche de cheveux bruns pour toucher sa cicatrice et ce, juste au moment où Shintô lui demanda pourquoi elle ne l’avait pas tué. Elle aurait préféré qu’il ne dise rien ou du moins qu’il le mentionne plus tardivement. Finalement, il avait fini par lui poser la question, il savait qu’elle en avait eu l’intention sans doute alors pourquoi restait-il aussi calme même s’il semblait plus triste? Ne montrait-il que peu ses sentiments, tout comme elle ? Elle n’avait pas envie de répondre maintenant, pas tout de suite et resta donc interdite. Sa gorge était nouée douloureusement, c’était une étrange et désagréable sensation qu’il lui fallait contrôler. Elle préféra se concentrer sur ses pensées. Oui pourquoi, alors qu’elle n’avait pas hésité pour les deux pêcheurs et qu’il aurait pu être un potentiel ennemi ? Elle n’avait pas eu la force de faire ce qu’elle aurait peut-être du, pour des raisons qu’elle aurait voulu taire. Elle n’aimait pas s’expliquer surtout devant un garçon plus jeune qu’elle et pourtant elle pouvait bien le faire puisque cela ne lui coûterait pas plus que si elle ne le faisait pas. Après tout, il savait qu’elle aurait pu tenter une offensive et il attendait sans doute sa réponse. Tandis qu’il s’emparait de la clé de son chez lui, Tsukiyo soupira et entreprit de soulager ses interrogations et par la même occasion, s’ôter un autre poids. Après ce serait à lui de juger ce qu’il en pensait, elle le saurait bien assez vite.

- J’ai voulu te tuer à plusieurs reprises et si je ne l’ai pas fait c’est parce que j’aurais eu l’impression d’assassiner quelqu’un qui me ressemble un peu trop. Tu n’avais pas vraiment l’air d’un ennemi et tu es encore jeune. Je ne peux me résoudre à te tuer alors que tu ne m’as rien fait et tu n’es pas non plus de mon village… Est-ce suffisant pour ne pas tuer quelqu’un ?

Elle entra à sa suite mais refusa de boire ou de manger, elle avait de quoi faire de toute façon. Elle regarda les lieux puis Shintô, se demandant comment il réagissait à ce qu’elle venait de lui dire. Quelle était sa vision des choses ? Cela lui était-il indifférent ou se méfierait-il désormais de sa présence ? Elle lui avait parlé franchement sans savoir quel impact cela aurait sur le shinobi. Elle ne savait jamais, elle ne savait plus. Le visage de la kunoichi en tout cas restait parfaitement calme sans la moindre émotion apparente. Elle semblait apathique, comme si elle portait véritablement un masque en permanence. Elle trahissait rarement une émotion. C’était à la fois triste de ne pas savoir refléter de sentiments mais aussi très pratique comme carapace face à la douleur. Et quand elle faisait face à un ennemi, la peur ne s’affichait pas sur son visage, ni même la surprise : elle avait l’air tout à fait dépourvue de vie. C’était sans doute un peu le cas : elle avait perdue un peu de son humanité. Ce serait délicat de recréer ce qui avait été défait car généralement ça prenait de temps, peut-être même qu’elle n’y parviendrait jamais. C’était envisageable malheureusement. Elle observait l’agencement de la pièce quand son hôte se tourna vers elle et lui demanda ce qu’elle comptait faire d’un ton qu’elle estima plutôt nerveux avant qu’il aille se caché dans l’ombre. Elle prit le temps de réfléchir à la question, qu’elle-même se posait. Elle ne savait plus vraiment ce qu’elle devait faire. Après tout cela ne faisait même pas un jour qu’elle venait de déserter et elle ne savait pas comment formuler ce qu’elle voulait dire. Elle détacha ses cheveux car les élastiques tiraient sur sa chevelure, lui faisant légèrement mal et s’apprêta à prendre la parole mais il lui fallut un bon bout de temps avant de commencer vraiment.

- Ce n’est pas évident de répondre alors que je viens tout juste de déserter de Kiri… Je hais mon village natal et je sais une chose, c’est que je ne compte pas y remettre les pieds de sitôt. Mes intentions ici ? C’est toi qui m’y as amené n’est-ce pas ? Alors je n’en avais pas particulièrement mais il est évident que je ne compte pas errer sans but.

Elle fit une pause et s’assit à même le sol, appuyant son dos contre un mur et étendant ses jambes courbaturées devant elle. Entre ses mains, elle saisit le bandeau de Kiri et le défit avant de le regarder avec attention et de le poser à ses côtés, sans plus lui porter d’intérêt. Pourquoi avait-elle gardé cette chose qui n’évoquait que son dégoût et son mépris ? Cela n’avait pas la moindre valeur à ses yeux

- Je ne suis qu’une genin et je n’ai guère de force pour le moment mais... Peut-être me manquait-il une motivation ? Je ne sais presque rien d’Ame, de ses habitants, de la personne qui le dirige mais je suis prête à rendre service si je le fais de mon plein gré. Je ne veux surtout pas qu'on me contraigne. Toi que défends-tu ? Dis-moi un peu.

Elle attendit qu'il lui en dise un peu plus sur lui. C'était la première fois qu'elle parlait autant...

La guerre et la haine, il avait pourtant été épargné de ces choses durant tant d’années alors que les jeunes Shinobis de la terre entière étaient formés dans le seul but de servir dignement leur village quitte à y laisser la vie sur le champ de bataille. Il n’avait connu la solitude ou l’ignorance dans le temps, au contraire, son père ne passait jamais une seconde sans lui, ils étaient inséparables et partageaient les mêmes rêves et aspirations. Mais depuis la mort de son clan, qu’est-ce qui lui permettait de rester en vie ? Que restait-il d’un petit garçon qui rêvait de rétablir la paix entre tous les hommes, d’un enfant qui souhaitait qu’un jour, tout le monde travaille main dans la main. Une illusion brisée, un rêve surréaliste, tôt ou tard, la vérité d’un monde hostile l’aurait rattrapé mais pourquoi avait-il dû tout affronter à un si jeune âge ? Pourquoi avait-il dû se replier sur lui-même avant de faire la connaissance de celui qu’il appelait « grand frère », celui qui le prenait sous son aile et qui évitait qu’il ne se sente trop seul, qui lui inculquait des règles de vie. Et puis, pourquoi est-ce que la mort avait-elle été obligée de l’emporter à son tour ? Méritait-il donc si bien cette ignoble vie ? Devait-il se résoudre à être seul pour le restant de ses jours ? Etait-il donc si…méprisable ? De quoi rêvait-il la nuit ? Il n’était plus comme ces stupides étudiants à l’académie qui partageaient chaque jour des rêves, non, depuis longtemps, il ne passait pas son temps à s’entraîner pour devenir le Ninja le plus fort du village et être respecté de ses camarades, désormais il n’accomplissait plus ses missions et entraînements avec cet objectif en tête, la seule chose à laquelle il pensait lors de ses séances, c’était l’envie de crever, il ne voulait plus faire partie de ce monde injuste qui lui imposait chaque jour un nouveau malheur, il ne voulait plus subir le ressentiment de la part des autres, il ne voulait plus qu’on lui demande de compatir, il ne voulait plus qu’on lui demande de ressentir la douleur des autres qui ne représentait qu’une partie de la sienne, il voulait tirer un trait sur un passé qu’il jugeait horrible, il ne voulait plus voir le sang tapisser les murs ni même un simple incendie. La simple vision du feu lui rappelait cette nuit si particulière ainsi que l’arrivée soudaine d’Orochimaru au village caché des feuilles. Assis sur la rambarde de son balcon au beau milieu de la nuit, le jeune homme contemplait le ciel encore étoilé mais masqué par les grands nuages gris avec un sourire triste, chaque nuit, chaque jour, chaque seconde se ressemblait, peu à peu, une certaine routine s’était installée dans la vie du jeune Genin. Après cette parenthèse sur les pensées du garçon, revenons sur le plan principal où Tsukiyo, la jeune Kunoichi déserteuse du village de Kiri, était à l’exact opposé de l’adolescent, d’un air impassible, elle répondait aux questions qu’il avait précédemment posé, elle lui répondit qu’il ne lui paraissait pas méchant à vu d’œil et qu’ils avaient le même regard, et qu’elle ne pouvait pas tuer quelqu’un qui semblait avoir vécu la même chose qu’elle. Ce n’était pas totalement faux, tous deux avaient ces yeux si froids, ces yeux incapables de montrer quelconque sentiment, mais la deuxième partie de sa phrase incompréhensible pour le Genin, il n’était pas de son village, vouait-elle une haine particulière avec son village ? Quelles étaient ses raisons de haïr la patrie qui l’avait nourrie et logée durant ces années, peut-être qu’elle avait été maltraitée et rejetée par les siens. Enfin, ne voulant pas se montrer trop indiscret, il s’abstint de lui poser une autre question qui lui passait par la tête. Il fut ensuite véritablement surpris par les propos de la jeune fille qui voulait en savoir un peu plus sur lui apparemment car elle lui expliqua qu’elle ne comptait pas errer sans ambitions avant de se retourner vers lui et de lui demandait qu’est-ce qui le motivait, qu’est-ce qui lui permettait encore de vivre. Pendant quelques secondes, il resta tel un abruti, la bouche ouverte avec un ait surpris, il ne s’attendait pas à ce qu’une étrangère lui pose une question comme celle-ci, même les gens qui l’entouraient chaque jour, ces fameux Shinobis d’Ame, ne lui portaient pas une aussi grande attention, ils se contentaient de hocher la tête en guise de salut avant de partir, l’air distant, les mains dans les poches. Ne sachant pas quoi répondre, il commença à baisser la tête, il essayait de se souvenir de son Nindô lorsqu’il se rappela avoir fait une croix sur tout ce qui concernait les rêves et aspirations depuis qu’il avait rencontré cette fille de Konoha qui avait changé sa vie, qui avait bouleversé ses habitudes. Avant, il vivait pour la vengeance, le but suprême qui lui permettait de progresser grâce à cette haine qui le faisait souffrir. A cette époque là, il s’entraînait avec acharnement, il n’y avait pas une seconde sans qu’il n’essaye de se perfectionner ou qu’il tente d’améliorer ses capacités, depuis ce fameux jour, tout avait changé, on lui avait fait comprendre qu’il était inutile de placer ses pensées dans l’espoir car seule la destinée nous guidait, seulement quelque chose clochait lorsque l’on abordait le sujet de sa propre destinée, on s’en rendait vite compte, la vie de l’habitant du village de la pluie se résumait à quelques vulgaires échecs ainsi que des rêves d’enfants rapidement brisés, que retenir de ce parcours insignifiant ? Il tourna ensuite le dos à Tsukiyo et regarda les étoiles avec un air un peu nostalgique, il s’en souvenait, qu’un certain soir d’été, son père lui avait confié que l’espoir se trouvait dans le ciel. Encore un satané mensonge songeait le jeune homme en se grattant machinalement le menton, son paternel n’avait-il donc pas comprit avec toute l’expérience de la vie qu’il avait accumulait, son géniteur n’avait pas pensé que l’espoir n’avait jamais existé, que les hommes s’entredéchiraient dans le but de répandre un peu plus de cynisme et de souffrance chaque jour, que les gens ne pouvaient s’entendre. A présent, il savait ce qu’il devait lui répondre, sans la regarder dans les yeux, il déclara :

"Je n’ai aucune motivation, je porte le poids de la vie comme un fardeau, chaque jour, je deviens un peu plus renfermé et froid, chaque jour, on ignore un peu plus mon existence. Il est inutile d’espérer si au final, on meurt sans avoir accompli ce que l’on voulait…"

L’insatisfaction, il avait connu de nombreuses fois ce sentiment si amer et assez douloureux, il avait ressenti tellement d’impuissance face à certaines situations qu’il s’était rendu compte que l’effort ne payait pas contrairement aux croyances humaine, que l’espoir n’apportait que la souffrance. Mais où était donc ce sentiment que l’on appelait « Bonheur » et aussi celui que l’on nommait « Amour », ces choses étaient-elles aussi des pures inventions pour faire croire que le monde n’était pas sinistre et gris, que les choses allaient pour le mieux et que les conflits n’existaient pas entre les différentes nations. Dans l’histoire, on racontait la véritable vie des Shinobis, celle des vrais guerriers qui se battaient jusqu’à leur dernier souffle pour la liberté, selon le dernier des Hôtobi, c’était ces gens là qu’il fallait mettre à l’honneur, ces gens là que l’on devrait considérer comme des héros et non ces gens qui inventaient des Kinjutsus servant à devenir plus fort, ces techniques interdites si tentantes qu’elles finissaient par obséder certaines personnes, ces parchemins qui en rendait plus d’un fou. Ces gens qui travaillaient pour ce que l’on appelait science, ces gens qui bossaient pour rendre le monde un peu plus machiavélique et envieux, ces gens qui chaque jour, causait des meurtres. Oh, si on voyait les choses comme ça, une personne parmi tant d’autres pour le progrès, qu’est-ce que cela signifiait ? Pas grand-chose, certainement mais regardons les choses d’un autre angle, les familles, les amis, les proches de cet être humain, ces gens éprouveront tant de haine envers les autres qu’elles vont à leur tour se venger, le monde des Ninjas était plongé dans le chaos et ça, personne ne pouvait l’arrêtait sauf un certain enfant de la prophétie, l’enfant dont parlait Pein. Mais cette personne tant attendue, ce messie qui sauverait soit disant les Shinobis de la haine et de la douleur, on ne savait rien de lui, était-il déjà né ? Peut-être qu’après tout, il s’agissait une nouvelle fois d’un mensonge qui ne faisait que faire espérer les gens dans le but qu’ils ne se suppriment pas tous un par un. Palpant de sa main droite le livre de la Kunoichi de Konoha, la petite brise matinale l’ouvrit à une certaine page, une page où il y avait des minuscules inscriptions. Il mit donc ses lunettes sur son nez dans le but de pouvoir lire ces petits caractères, il essaya de déchiffrer l’inscription, en vain. Il commença alors à lire la page, une phrase lui sauta aux yeux. « Les hommes existent dans le but d’obtenir la reconnaissance des autres », alors c’était donc ça songeait le jeune homme pendant que ses cheveux noirs de jais volaient au gré du vent qui annonçait l’été malgré la pluie incessante qui tombait au village qui portait ce nom, c’était ça le sentiment de vide qu’il avait depuis si longtemps ressenti, c’était pour ça qu’il se sentait si faible et si insignifiant. Il leva les yeux vers le ciel gris d’Ame, c’était ça qui lui manquait, ce n’était pas vraiment une raison de vivre ni une motivation mais bien la reconnaissance de quelqu’un, il lui manquait une personne à qui il tiendrait comme à un membre de sa défunte famille, il lui manquait une personne qui vivrait à ses côté en le considérant comme son égal et non comme un boulet à traîner, il avait besoin de se sentir utile aux yeux de quelqu’un. Enfin, il avait comprit ce qu’on attendait de lui, enfin il avait comprit sa destinée mais sera-t-il reconnu par quelqu’un un jour ? Ou sera-t-il contraint une nouvelle fois à rester seul, son rêve brisé. Ce n’était pas vraiment un rêve mais plutôt un désir, il voulait savoir ce que ça faisait d’être apprécié par quelqu’un. Curieux également de connaître un peu mieux son interlocuteur, il balaya la mèche de cheveux qui le dérangeait avant de demander

"Et toi, quelles sont des aspirations ?"

L

* Je suis ici avec un parfait inconnu, dans ce village qui n'est pas mien, sans savoir grand chose, à attendre de voir ce que le temps me réserve. Qu'est-ce que je vais faire ? Je n'en sais trop rien, je dois me décider et je ne peux pas fuir sans cesse. Pour survivre, j'ai besoin de donner un sens à ma vie et de me battre. De me battre si j'estime que cela en vaut la peine, si c'est mon choix...*

Chaque seconde qui s'écoulait rapprochait un peu plus encore la venue du soleil que la kunoichi appréhendait silencieusement et impassiblement. On ne pouvait distinguer en elle aucun trouble pourtant elle n'était pas vraiment à l'aise entre ces murs, assise sur le sol à contempler ses mains pourtant très peu intéressantes. Elle refusait que le jour se lève et que les rayons du soleil accentue le fait qu'elle cache son oeil sous une mèche abondante de cheveux bruns. La lumière montrait toujours les défauts d'un oeil critique et Tsukiyo n'appréciait guère ce détail. Au moins, la nuit camouflait un peu ce genre de choses et on s'y sentait protéger. On se sentait nettement moins vulnérable ainsi cacher dans l'obscurité. La jeune déserteuse soupira faiblement en constatant que rien ne pourrait réfréner l'arrivée de l'astre lumineux et que s'achèverait alors l'apaisante présence des ombres. N'ayant toujours pas dormi, elle ne pu réprimer un bâillement et s'étonna à cligner des yeux avant de se secouer. Elle venait de poser une question au jeune homme d'Ame qui l'avait mené jusqu'ici et il aurait été particulièrement inconcevable et stupide de s'endormir entre temps. Elle ne devait pas se relâcher. Aussi leva-t-elle son oeil vers lui et vit alors qu'elle l'avait surpris de par son interrogation, elle détourna alors le regard et le laissa répondre tranquillement. Il mit du temps avant de parler et elle fut patiente, ne prononça pas un mot qui puisse le déranger. Elle attendit juste tout en se concentrant pour ne pas s'endormir. Le temps lui parut alors incroyablement long.
Ce qu'elle entendit alors la surpris : selon ses dires, il n'avait aucune motivation. C'était impossible, ... dans ce cas pourquoi était-il toujours en vie. On ne peut pas vivre pour rien. Si ? Elle médita longuement sur une telle possibilité mais ne comprenait toujours pas. Non, il y avait forcément quelque chose pour qu'il survive. Elle serra les poings sans que son visage en revanche ne prenne la moindre expression et ouvrit la bouche avant de la refermer sans rien dire de plus. Ce fardeau qu'il disait porter, quel était-il au juste ?
Comprendre l'être humain n'avait rien de très aisé et Tsukiyo n'était pas du tout douée en la matière. Son expérience à elle, lui faisait également porter un fardeau mais ce n'était pas semblable. Tout le monde était différent au final et si elle, elle souffrait, c'était à cause de ce simple accident qui lui avait fait perdre son oeil. Il avait suffit d'une simple journée pour que la petite fille qu'elle était perde confiance envers les autres. Elle aurait pu se raccrocher à la vie au travers de ses années à l'académie, mais elle ne s'adaptait pas. Et personne ne se souciait d'une genin un peu perdue et méfiante. Son village l'avait entièrement abandonnée quand elle aurait eu besoin de trouver une place.
Ses aspirations à elle ? Ce n'était pas bien évident de répondre en effet. Elle aussi du réfléchir à cela. il disait que cela ne servait à rien de mourir sans avoir accompli ce qu'on voulait mais que voulait-elle au juste elle ? Le savait-elle véritablement au final. Elle voulait quitter Kiri et l'avait enfin fait mais ensuite... ? Elle regarda le jeune ninja, il était si jeune et semblait si frêle.

- Je ne crois pas en avoir... Depuis que j'ai quitté Kiri, tout ce que je désire c'est trouver une utilité à ma vie. Sans cela, vivre ne m'est d'aucune utilité.

Il faisait encore sombre pour le moment mais Tsukiyo était désormais véritablement mal à l'aise. Que devait-elle faire ici ? Pourquoi ses pas l'avaient-il menés jusque ici. Etait-ce encore un coup du sort qui lui causerait des soucis dont elle ne voyait pas encore le début mais qui ne tarderait sans doute pas. Ou bien était-elle là pour une toute autre raison dont elle ignorait encore ce que c'était. Quoi qu'il en soit, le destin avait lié son histoire à celle de ce jeune homme et elle essayait d'en comprendre les raisons. Il ne semblait pas très bavard, un peu comme elle mais il avait au plus 13 ans et elle estimait qu'il avait sans doute le temps de changer. Ce serait un peu plus délicat pour elle, qui était plus âgée. Elle soupira de nouveau tout en se disant qu'elle aimerait bien que ce ninja puisse sourire, pas comme elle, qu'il trouve un sens à sa vie parce que ce n'était pas vivre que de laisser le temps s'écouler et devenir aussi apathique qu'il commençait à l'être. Elle le savait, puisqu'elle ne vivait pas réellement, elle survivait. Ses erreurs qu'elle faisait, il les suivaient aussi et bien qu'elle ne ressente pas de sentiments à l'origine, elle n'appréciait guère de voir devant elle... ce fantôme. La Kunoichi n'avait jamais acquis d'instinct mais elle se leva et prit son bandeau frontal avec l'insigne de Kiri avant de rejoindre Shintô et se poster juste à côté. Soudain, elle ne savait plus ce qu'elle voulait dire. Elle observa donc le jeune homme pensif et presque mélancolique. A quoi pensait-il en espionnant ainsi l'horizon.

- Je ne veux pas vivre éternellement sans avoir un but, je ne veux pas voir non plus un jeune ninja perdre l'envie de vivre et l'espoir qui va avec. Tu es encore jeune Shintô... trouves-toi une raison avant de définitivement perdre à jamais l'envie de sourire et ne plus pouvoir alors.

Elle ne savait pas pourquoi elle avait dit cela mais elle jeta son bandeau frontal au dehors et se dirgea paisiblement vers la porte avant d'ouvrir celle-ci et sortir s'asseoir devant car ses jambes ne la portèrent pas plus loin. Elle était si fatiguée... ses yeux se fermaient peu à peu.

La beauté est dans les yeux de celui qui regarde, ces mots résonnaient dans les oreilles d l’adolescent, il était la preuve elle-même de l’exactitude de ces paroles, les gens ne jugeaient décidément que l’apparence sans prendre même la peine de connaître mieux la personne, quelle injustice vraiment. Il croisait les bras, le dos contre la rambarde, le regard vide allant vers le ciel, il venait de demander à la jeune femme une question un peu personnelle, quelles étaient ses aspirations, il s’attendait à de grands rêves comme beaucoup de personnes mais il fut bien surpris lorsqu’elle lui annonça qu’elle n’avait pas de but précis elle non plus. Il baissa la tête, encore une personne qui erre sans savoir pourquoi elle existe, il l’écouta ensuite raconter que c’était pour cette raison qu’elle avait déserté son village, parce qu’elle voulait avoir une raison de vivre, parce qu’elle ne voulait pas mourir sans but. L’air pensif, il regarda dehors sans croiser l’unique œil de la borgne, il n’osait pas lui dire que l’espoir était vain parce qu’il ne voulait pas la contrarier, il ne voulait pas voir quelqu’un qui lui ressemblait tant se morfondre. Enfin, peut-être que c’était différent pour elle, peut-être ressentait-elle encore des émotions voir de l’affectif, elle. Peut-être qu’elle n’était pas aussi désespérée que lui, il n’en savait rien encore, ce qu’il savait en tout cas, c’était que bientôt, il allait devoir partir pour aller se présenter à l’examen de sélection des Ninjas de moyenne classe, quelqu’un était spécialement venu au village pour leur annoncer cette grande nouvelle. Il se retourna vers la jeune déserteur et n’osa pas croiser son regard avant de se diriger vers elle, le jour se levait et il pouvait maintenant voir chaque détail de sa corpulence. Il enleva son bandeau frontal et le posa sur la commode non loin de là, il vit qu’il était à présent à côté de Tsukiyo qui lui dit qu’il ferait mieux de se trouver une raison de vivre avant qu’il ne sombre totalement dans la solitude, avant que son sourire ne s’efface, avant qu’il ne trouve plus jamais une raison de rire et d’être joyeux. Mais…C’était trop tard, s’il vivait pour être reconnu des autres, c’était parce qu’il n’avait pas le choix, il était inutile à tout le monde alors à quoi bon essayer de se chercher une raison si on ne pouvait pas, si notre vie était déjà gâchée. C’était un gamin paumé à la recherche de quelqu’un qui l’aiderait à retrouver une raison mais cette personne ne semblait jamais arriver, c’est pour cela qu’en la regardant il lui déclara :

« Je ne suis d’aucune utilité à personne, personne n’a jamais fait attention à moi depuis la mort de ma famille et d’un ami, tout le monde passe à côté de moi sans jamais se soucier de mon existence, la première que j’ai souris sincèrement après presque 7 ans de peine, c’était lorsque j’avais rencontré cette fille, seulement je suis parti parce que je me suis rendu compte que j’étais trop médiocre pour vivre, dans ce cas, je n'ai plus aucune raison de sourire »

Elle ne trouvera peut-être pas le rapport entre être médiocre et se barrer lâchement après avoir sourit à quelqu’un, mais bon, il était une personne compliquée et il n’allait tout de même pas lui dire ce qui s’était réellement produit, lui qui avait passé du temps à oublier ça. Mais son cœur devait être si sec qu’il n’avait presque pas ressenti d’émotions, peut-être était-ce de sa faute. Un oiseau blanc passa puis un autre arrive pour le chasser, ainsi allait la vie, celui qui n’éprouvait aucune pitié et aucun remord après ses actes, c’était ça la vie d’un vrai Ninja. Seulement, beaucoup de personnes renonçaient à ces idéaux car tôt ou tard, ils commençaient à vouloir fonder une famille et se stabiliser avec la personne qu’ils aimaient. Mais lui n’aimait personne et c’était réciproque, il ne voulait d’ailleurs plus s’attacher aux gens, il avait bien trop peur de se faire du mal une nouvelle fois, de se retrouver complètement seul et isolé après une nouvelle chute, ça faisait trop mal, c’était bien trop douloureux de se remettre d’une rupture. Et puis, il repensa aux paroles de la jeune femme, celles qu’elle venait de prononcer, au sujet des rêves et des aspirations. Elle venait donc au village caché de la pluie dans le seul et unique but de se trouver une raison d’exister ? Mais il se retint de lui demander si elle était folle ! C’était bien le dernier village dans lequel il fallait aller si on recherchait l’espoir, la pauvre, elle ne savait pas ce qui l’attendait. Mais en attendant, il se posait une autre question, il se demandait où elle allait vivre parce qu’il savait que les étrangers n’étaient pas la bienvenue dans ce pays si froid et hostile avec les gens qui n’étaient pas du coin et comme elle venait de déserter, il ne savait pas si elle avait déjà un plan pour l’hébergement, sans plus attendre il lui posa la question :

« T’sais où tu vas vivre ? Si tu veux rester ici y a pas de problèmes j’pars pour l’examen Chuunin dans deux jours, tu pourras rester autant que tu veux »

Voir quelqu’un qui lui ressemblait autant le rassurait, il savait qu’il ne serait plus seul pour le moment, il savait que quelqu’un partageait sa peine et ses doutes, que quelqu’un connaissait une partie de son passé en dehors de Tendô. Quelque chose lui revint alors en tête, son combat contre un jeune guerrier de Suna, il ne savait pas s’il avait survécu mais il était sûr que si c’était le cas, le jeune soldat ne l’oublierait pas, son sabre lui avait forgé une cicatrice. S’il avait combattu ce n’était forcément par plaisir mais plutôt pour se prouver sa force, il ne fallait pas croire mais il était un garçon normal au fond de lui, enfin il essayait de refouler ce côté humain pour se faire accepter dans les rangs des caïds parce qu’il n’avait aucune envie de se frotter aux grands gaillards du pays qui étaient réputés pour cogner, autant être de leur côté surtout lorsque l’on parait faible. Mais combien de temps passera t-il encore à se lamenter sur son sort ? Combien de temps devra t-il attendre avant d’être reconnu ? Plusieurs années, peut-être même jusqu’à sa mort. Il soupira, c’était long d’attendre, peut-être même que finalement il ne sera jamais reconnu alors autant ne rien espérer et continuer à vivre le jour le jour comme il le faisait si bien, à la fin, peut-être qu’il ressemblera à celle qui avait su lui donner l’espoir, cette jeune fille venant du village de la feuille, quelqu’un qui prenait tout comme cela venait, le bien comme le mal, la joie comme le malheur. Mais parfois il se sentait si seul et triste, il se sentait un peu victime des autres, comme s’il était un boulet à traîner mais aucune larme ne coulait, il était complètement inhumain, même la force de pleurer il ne la trouvait pas mais peut-être bien qu’il avait déjà pleuré toutes les larmes de son corps, était-ce possible ? Si ça l’était il faisait partie de cette catégorie de gens, ces personnes qui avaient perdu toute confiance en eux même ainsi qu’en l’espèce humaine, ces gens qui avaient préféré de grands solitaires en se blessant eux même plutôt que de faire souffrir les autres en essayant de s’intégrer mais il le savait, il n’arriverait pas, ce serait bien trop dur pour lui, après tant d’années, il n’arriverait pas à devenir comme avant. Il était devenu tellement agressif et méfiant qu’il n’acceptait plus la présence humaine dans sa vie, c’était déprimant à vrai dire, vivre une routine seul, c’était dur d’être seul…

On lui avait déjà conseillé de voir un psychologue, il y était allé mais ce dernier lui avait fait revivre ses hantises, ses craintes, c’était à devenir fou. Son passé sanglant, son présent triste et son futur qui reflétait son passé, mais voulez-vous encore que le mot « Espoir » représente encore quelque chose pour lui ? Voulez-vous qu’il pense et agisse comme quelqu’un de son âge avec toutes ces horreurs sur le cœur ? C’était impossible pouvait-on se dire, dans ce cas, qu’est-ce qui le faisait vivre sans devenir fou ? La bataille ? Non certainement pas, ce mot évoquait pour lui encore bien plus de douleurs que d’autres. Mais alors quoi ? Qu’est-ce qui le motivait ? La puissance peut-être, la chose que chaque être humain convoitait, malheureusement ça ne l’animait guère de voir des gens devenir puissant dans le but d’éradiquer les autres. Non, il était né dans la souffrance, sa naissance elle-même était la cause d’une grande souffrance, d’après ce que lui avait raconté son père, c’était ce jour là qu’ils avaient été chassés du village de la pluie, il ne lui avait jamais demandé pourquoi , d’ailleurs il le regrettait un peu maintenant sauf qu’à son jeune âge, il pensait qu’il avait tout son temps pour poser des questions à son paternel, il pensait que ses géniteurs allaient rester pour longtemps à ses côtés mais il s’était trompé. Parfois, il se demandait si ses parents n’auraient pas dû le prénommer Kurushimi qui signifiait souffrance ou douleur, cela coordonnerait mieux avec sa vie. Kurushimi Hôtobi, cela sonnait plutôt bien, un autre garçon aurait sans doute dit que ce serait le nom qu’il donnerait à sa progéniture. Lorsqu’il entendait ces mots dans la bouche d’un adolescent de son âge, cela le faisait bien rire vraiment, savait-il vraiment de quoi été constitué son avenir ? Il ne voulait pas être cynique mais dans un monde aussi hostile, on pouvait mourir le lendemain sans jamais être au courant…

Si Tsukiyo se raccrochait au mot espoir, elle n'était cependant pas franchement optimiste et elle était parfaitement consciente que ce monde chaotique ne lui ferait pas de cadeau mais il fallait bien qu'elle fasse semblant d'être forte. Elle voulait se convaincre qu'elle pouvait être différente, mieux sans doute dans un autre univers. Au final, elle était plus obstinée qu'elle n'aurait cru et bien qu'elle ai longuement pensé à finir ses jours, elle n'avait jamais mis un terme à sa vie. Pourquoi ? Par lâcheté et par crainte de la douleur ou de disparaître ? Ou bien était-ce qu'au fond, elle aimait vivre dans son malheur malgré tout ce qu'elle se disait ? Elle ne savait pas et trouvait son propre comportement particulièrement pitoyable. Depuis quand était-elle si faible ? Non rectification : avait-elle un jour été autrement que ce qu'elle était aujourd'hui ? Toute petite, elle était différente des autres et ne se liait jamais avec les autres enfants. Elle n'aimait pas ces gamins braillards qui se chamaillaient sans cesse tandis qu'elle restait calme et pensive, loin des autres. C'était pour cette raison, parce qu'elle s'excluait, qu'ils la considéraient comme une intrus et c'était ce détail qui avait déclenché l'incident. En réalité, cela avait toujours été de sa faute, elle provoquait elle-même son malheur. Et à ce moment, la seule chose qui aurait pu la faire changer de voie, cette sinistre voie qu'elle empruntait, aurait été l'éducation que ses parents lui auraient fournis s'ils l'avaient aimé. Elle était restée seule, perdue, ne comprenant pas pourquoi on lui avait fait du mal, pourquoi on ne l'aidait pas et pourquoi on ne l'aimait pas. Ce n'est qu'aujourd'hui qu'elle s'apercevait enfin qu'elle avait fait bon nombre d'erreurs qui l'avaient mené sur un chemin tortueux. Et que si elle avait fait l'effort de se ressaisir, elle n'en serait peut-être jamais arrivé là. Elle avait perdu un oeil mais elle n'avait pas perdu la vie après tout. Quand on voyait à quoi ce résumait son parcours, on pouvait se dire qu'elle n'avait que peu progresser sur tant d'années. Elle était toujours genin d'ailleurs, c'était bien affligeant après tant de temps. Fatiguée, elle se demandait si ces pensées ne s'égaraient pas un peu trop loin. Elle ne s'était jamais autant remise en question auparavant et ne savait pas si c'était une bonne chose car elle doutait d'elle. Quoi qu'il en soit tant que le masque impassible qu'elle portait ne tombait pas, tout se passerait bien mais si il se brisait doucement... que se passerait-il si il disparaissait à jamais ? Elle se secoua pour éviter d'y penser.
A côté, Shintô lui expliquait en quelques mots qu'elle trouva bien trop néfaste à son goût pour un si jeune homme, qu'il n'avait pas d'espoir de changer. Voilà ce qu'elle entendait et elle se disait qu'il avait du souffrir beaucoup pour ne pas réussir à s'élever au dessus et garder espoir. Pourquoi, s'il avait sourit sincèrement pour une fois, se sentait-il si médiocre. Elle ne comprenait pas vraiment et se demanda s'il ne mélangeait pas un peu tout. Cependant elle ne comptait pas s'appesantir sur le sujet et ne posa pas la question. Elle préféra juste dire ce qu'elle en pensait :

"C'est toi qui dis que tu es médiocre, ce n'est pas forcément l'avis des autres. Peut-être cette personne t'appréciait-elle qu'importe ce qu'il s'est passé ? Faut-il être parfait pour vivre... eh bien dans ce cas je suis bien trop médiocre aussi pour quoi que ce soit."

Et elle se tut, comme si elle méditait ce qu'elle venait de dire. Oui elle y pensait sérieusement et cette idée déposait comme un voile devant son unique oeil. Ce furent les paroles du ninja qui stoppèrent sa méditation et elle resta un instant interdite avant de comprendre ce qu'il lui racontait. En effet, où comptait-elle vivre en attendant de trouver un logement ? Il fallait bien qu'elle trouve où dormir et pouvoir rester ici l'arrangeait mais l'ennuyait. Voilà qu'elle squattait chez les gens désormais, c'était encore pire qu'avant non ? Cependant, elle acquiesça et le remercia froidement, elle ne savait pas faire autrement. Elle lui promit qu'elle ne le dérangerait pas longtemps, qu'elle trouverait bientôt une solution pour ne pas l'ennuyer plus longtemps de sa présence. Elle ne comptait pas dépendre d'un habitant d'Ame ainsi sans rien pouvoir lui apporter, ce qui était le cas pour le moment. Elle aurait pu lui souhaiter bonne chance pour son examen mais ce n'était pas naturel chez elle et cela ne lui effleura pas l'esprit. Non pas qu'elle ne veuille pas qu'il réussisse mais souhaiter réussite aux autres n'était pas une chose qu'elle faisait souvent. ... A vrai dire, elle ne se souvenait pas que ça lui soit arriver une seule fois déjà. D'événements de ce genre, elle en comptait aucun, si ce n'est peut-être un par hasard et encore, sans vraiment le vouloir alors. Elle n'avait jamais passé cet examen, n'ayant pas la motivation et estimant qu'elle ne possédait pas encore les capacités suffisantes pour y parvenir et surtout le moral pour. Si en plus, elle devait collaborer avec des personnes... alors là ce serait un véritable calvaire pour la kunoichi. Aussi elle attendait d'être prête pour ce genre d'examens.
Sur le palier, sortit prendre l'air, la jeune genin, anciennement de Kiri, finit par s'endormir.
[HRPG : pas encore fini =S]

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