[Rang D] Tout cela m'a donné faim

Il était tard, il neigeait dans les montagnes mais pas sur le village en lui-même. Chaque fois qu'il neigeait Yamainu aimait apprécier ce spectacle hors du commun, Kumo se situant au dessus des nuages on pouvait apercevoir à travers ceux-ci les flocons flotter sous ses pieds. La lueur violette du soleil disparaissant à l'horizon contrastant avec le halo orangé des derniers rayons de soleil se réfractant en un millier de scintillement sur la brume envahissant les rues. Un spectacle d'autant plus appréciable que Yamainu ne l'admirait pas seul, Hirate, le jeune garçon qu'il avait aidé une semaine plus tôt était assis tout près, les pieds battants joyeusement dans le vide entre les cordages du pont suspendu depuis lequel les deux garçons fixaient la neige. Hirate avait passé beaucoup de temps avec Yamainu cette dernière semaine, après avoir répondu présent à l'invitation pour une initiation au Shogi il s'était avéré que le gamin était encore plus doué que prévu. Yamainu avait toujours opéré de la même façon depuis qu'il jouait au Shogi, lors du premier coup s'il engageait il réfléchissait assez longtemps et le placement de son premier pion fixait la rencontre, peut importe les mouvements de son adversaire. Lorsqu'il avait joué pour la première fois contre Hirate il du lui expliquer les règles, ce ne fut pas long, les énoncer simplement suffisait à ce que le garçon de sept ans les assimile. Par la suite le Genin avait été confronté à une situation qui lui était jusqu'alors inconnue, alors qu'il avait engagé le jeu et dès son premier placement de pion était certain que la partie était jouée, le jeune Hirate avait trouvé le moyen de contourner l'affront, il perdit la première partie... Pas une seule autre victoire ne lui échappa, Yamainu avait trouvé son maître dans ce domaine. A l'inverse il avait prit en main l'entraînement du jeune blondinet, en effet après quelques jours passés à s'éduquer l'un l'autre Hirate avait révélé à Yamainu qu'il faisait l'objet d'une dérogation spéciale et qu'il allait entrer à l'académie ninja plus tôt que la moyenne. Sachant que trop d'exercice physique perturbait la croissance à cet âge, Yamainu le format à se gérer, le jeune garçon était un élève assidue et écoutait Yamainu avec attention bien qu'il ne le laissait pas paraître, il était important pour lui que Yamainu le considère comme un égal et non un élève. Néanmoins le Genin lui enseigna les rudiments du Taijutsu, il commençait à percevoir ce qu'il pourrait faire de ce garçon.

- Dis-moi Yamainu, je pensais qu'en temps que Genin on t'assignait un minimum de missions non ? demanda soudain Hirate.

La question eu pour effet de sortir Yamainu de ses rêveries, il se rendit soudain compte qu'il y avait une semaine qu'il n'avait pas été chercher un ordre de mission au bureau du Raikage. On ne lui en avait pas envoyé, la raison était simple il n'était théoriquement pas réhabilité au travail sachant qu'après son sauvetage désespéré lors de sa mission de rang C il avait momentanément perdu entièrement la vue et que cette cécité revenait encore quelques fois après trop d'effort ou de réflexion. Néanmoins même en aveugle les missions de rang D pouvaient être réalisées. Yamainu partit en trombe vers la tour du Raikage, Hirate avait comprit.

S'il se dépêchait, Yamainu pourrait obtenir une mission avant que le bureau ne soit fermé, il gravit l'escalier le souffle court et arriva alors que le Raikage sortait de son bureau. Sans même prendre le temps de reprendre son souffle Yamainu le salua et lui demanda si une mission était encore disponible. Le Raikage ne paru pas étonné qu'un Genin pourtant exempté de travail vienne tout de même réclamer une mission. Et il lui en donna donc une simple : aider les bénévoles responsables de la restauration des habitants démunis de Kumo. L'humanitaire n'était pas sa tasse de thé mais Yamainu ne pouvait refuser, il remercia le Raikage et rentra chez lui par le pont où il avait laissé Hirate. Un kunai était planté sur un des piliers, il retenait un message disant :

J'espère que ce coup-ci tu aura droit à de l'action, je le saurais bien assez tôt, Hirate.

Ce petit était pour le moins perspicace, pas étonnant qu'il soit proposé pour rentrer à l'académie en avance.

Le lendemain matin Yamainu se tenait devant la tour du Raikage, la queue qui s'étendait à son pied était ahurissante et Yamainu supposait qu'au moins la moitié des personnes qui y attendaient avaient les moyens de se payer eux-même leur repas mais venaient profiter du trop grand cœur du Raikage envers les habitants. Avançant vers les porte Yamainu se fit arrêter par un vieux grincheux se plaignant qu'il fallait faire la queue comme tout le monde. Après s'en être débarrassé à l'aide d'un pauvre clone qui resta là à se faire sermonner tandis qu'il prenait discrètement la fuite, Yamainu se présenta au chef des bénévoles en lui annonçant qu'il avait pour ordre de les aider pendant deux demies-journées. Il fut aussitôt affublé d'un tablier et envoyé servir les plats armé d'une louche.

La matinée passa à un rythme exaspérant, longue et inintéressante. La salle dans laquelle étaient accueillis les gens pauvres de Kumo sentait à présent un mélange de nouilles au bouillon trop cuites et de mendiant. Il n'y avait pas plus déprimant comme activité. A midi l'odorat sur-développé de Yamainu était victime d'une telle agression qu'il ne put rien avaler du déjeuner gratuit dont il disposait. L'après-midi fut plus calme si on passait sous silence le combat acharné ridicule qui opposa Yamainu armé d'une louche contre une vielle femme brandissant ses baguettes avec un regard belliqueux voyant que le Genin lui refusait l'accès illimité à la réserve de bols de bouillon. Au soir l'affluence se refit et c'est épuisé que Yamainu finit par s'endormir le visage dans un plat de riz alors que tout le monde était déjà partit.

En pleine nuit le Sekigan se réveilla en sursaut, dérangé par un bruit métallique. Après examen de la pièce Yamainu découvrit une renarde et sa portée de renardeaux occupés à vider tous les restes, la porte de la salle ayant apparemment été mal fermée. Après des reniflements suspicieux la renarde dut sentir l'odeur des chiens du chenil du clan et laissa Yamainu approcher les petits, celui-ci les prit pour les remettre dehors en compagnie de quelques bols remplit de restes froids de rondelles de bœuf.

Yamainu rentra chez lui, se frottant le visage pour faire tomber les grains de riz qui y étaient collés. Quelques dizaines de mètres derrière une ombre aux cheveux blonds l'epiait silencieusement, suivant le chemins des grains de riz... Hirate...