La mission était simple : aider le boulanger à faire des petits pains. Bon, après tout, pourquoi pas ? Mai était plutôt douée pour la cuisine, mais elle n’avait encore jamais essayé de faire des petits pains. Il faisait encore nuit lorsqu’elle se rendit à la boulangerie, en silence, la tête droite et le sourire lumineux. Le boulanger était un homme plutôt sec d’apparence, une véritable asperge en tablier.
- Bonjour, je suis Mai Tokiha.
- Rien à faire. Tu es la genin ? Alors au boulot !
Mai se rembrunit mais elle n’était pas au bout de ses peines. Le boulanger lui expliqua qu’il n’accordait aucune pause et qu’il ne tolérait pas la moindre erreur. Il y avait plusieurs centaines de petits pains à finir avant l’aube et il avait à peine le temps de lui montrer le travail. Après un seul exemple, le boulanger la laissa pour s’occuper des vrais pains. Mai enfila un tablier et se mit aussitôt à la tâche tant bien que mal. Elle avait l’habitude du travail bien fait, pas du travail rapide. Au bout d’une demi-heure, elle n’avait fait que dix petits pains. Le boulanger n’allait pas être content… Il fallait qu’elle accélère ! A peine avait-elle eu cette pensée que le boulanger revenait déjà vers elle. Son visage vira au rouge.
- QUOI ? Non mais tu n’es bonne à rien ! Allez allez !
Il se plaça derrière elle pour la surveiller, menaçant, et Mai commença légèrement à s’énerver. Non mais elle n’était pas son esclave ! Et puis elle n’aimait pas obéir… Seulement, elle n’avait pas tellement le choix si elle voulait changer de rang et mettre fin à ce genre de missions ridicules. Elle accéléra la cadence avec les cris du boulanger dans son dos. Evidemment, ce qui devait arriver arriva. Elle mélangea des ingrédients, en oublia d’autres, se trompa dans les doses ou dans l’ordre des étapes… Le boulanger la reprit à l’ordre en lui assénant une tape sur la tête, rien de bien méchant. Mais pour Mai, il l’avait frappé ! La jeune fille réagit instantanément, par réflexe, et elle lui balança une poignée de farine doit la majeure partie entra dans la bouche ouverte du boulanger.
- On ne frappe pas une fille, vieux bouc !
Elle éclata de rire mais étrangement, le client ne partagea pas son humour. Allait-il la renvoyer ? Avait-elle échoué à sa mission ? Elle s’attendait à tout sauf à recevoir sa dose de farine en pleine tête ! Une terrible bataille s’engagea alors que l’aube seule restait le témoin de cet impitoyable affrontement farineux. Bientôt, un tablier blanc se leva de derrière un tas de caisses d’ingrédients et Mai, complètement blanche, bondit de joie en criant victoire. Les deux combattants échangèrent une poignée de mains et éclatèrent de rire. Mai se remit au travail mais le boulanger dut expliquer aux clients qu’une pénurie de farine l’entraînait à limiter les ventes pour ce jour-là…
Lorsque Mai repartit, elle fut ravie de pouvoir se laver. Mais elle se promit de retourner voir son ami le boulanger pour lui donner une revanche.