mission rang D : distribution de courrier

Il faisait à peine jour que Tsukiyo se réveilla. Elle n’arrivait pas à dormir plus longtemps, peut-être un résidu de son passé. Elle n’aimait pas ne pas voir ce qui se passait alentour.
Qu’importe puisque ce matin, de toute façon, elle se devait de remplir une mission. Banale certes : distribuer des journaux n’était pas très compliqué. Cependant cela représentait un vrai cauchemar pour elle. Elle soupira et s’apprêta puis descendit les escaliers en trombe. Vivement que cette journée se termine… comme toutes les autres d’ailleurs.
Elle regarda l’heure au dessus de la porte, il était bien trop tôt. Aussi mangea-t-elle tranquillement et quand vint l’heure, elle franchit la porte pour respirer l’air frais de dehors.
Elle alla chercher le courrier en jetant un coup d’œil curieux aux adresses qui défilaient. Elle se rendit compte qu’elle ne connaissait personne bien que ce soit ceux de son village natal. Mais personne ne semblait la connaître non plus. Ce qui ne la dérangeait pas pour le moment.

* Logique, vu que tu es complètement étrangère à ce monde. Ma pauvre fille, tu es vraiment un boulet pour Kiri. En même temps, ce village ne m'a jamais rien offert alors pour quoi devrais-je faire des efforts. Et dire qu’il va falloir que je sillonne toutes les rues sans traîner et le sourire aux lèvres qui plus est. Très convaincant. J'espère que je ne vais pas être trop froide si je croise des gens. Mais non ! Ton masque est impénétrable Tsukiyo.*

-Bon alors c’est pour aujourd’hui ou demain ? Le courrier va pas se distribuer tout seul !

Tsukiyo releva la tête et s’excusa sans grande conviction avant de s’en aller hâtivement. Elle traversa les rues et déposa le courrier aux habitants. Souvent tout se passait bien, elle ne les croisait pas. Parfois, certains attendaient et saluait poliment : dans ce cas là, elle souriait à s’en décrocher la mâchoire, ce qui n'étais pas du tout naturel mais tout le monde y voyait que du feu. Elle eut vite mal aux joues mais continua sans changer d'attitude, elle s'efforçait de rester positive.

* Courage plus que quelques maisons, quelques lettres… Pour l’instant, tout va bien*

Et comme justement, elle se doutait que tout ne serait pas si simple, une petite fille était venue chercher le courrier en marchant d'un air joyeux vers elle. Elle lui arrivait à la taille et ses cheveux blonds disposés en magnifiques anglaises sautillaient à chacun de ses pas. Quand Tsukiyo s’approcha l’enfant tendit sa petite main pour prendre le courrier. Après tout, cela pouvait très bien s’arrêter là. Mais elle en doutait vaguement.

-Merci. …

Manifestement, elle hésitait. Tsukiyo en profita pour tourner le dos mais une petite main la saisit. Elle s’arrêta net.

- Dis ! Pourquoi tu caches ton deuxième œil ?

* Ainsi tu te poses la question. Les enfants sont-ils si perspicaces. Ne fais rien Tsukiyo, reste impassible. Elle ne t'agresse pas du tout alors évite de la brusquer.*

Elle essaya de rester le plus naturel possible et espéra que l’enfant ne la verrait pas transpirer. Elle ne savait pas du tout quoi lui répondre. Elle chercha en vain et sortit ce qui lui passa par la tête.

-Parce que… c’est pour m’entraîner à ne voir que d’un œil… C'est un entraînement spécial.

*Vraiment ridicule…*

L’enfant sourit serra de sa main rose, l’enveloppe et lui dit au revoir.
Tsukiyo parut soulagée, elle envisagea la suite de sa mission avec plus de sérénité et se dit que finalement sa cicatrice à l’œil droit ne deviendrait peut-être plus qu’un souvenir, sans plus. Elle déposa les dernières enveloppes s’attardant sur l’écriture manuscrite de celle qu’elle tenait encore : une si belle écriture sur du papier blanc. Elle aurait aimé écrire ainsi. Sa main caressa la surface encrée et elle déposa l'enveloppe. Finalement, ce n'était pas tant un cauchemar, il y avait donc encore de l'espoir. Elle retourna au lieu de départ et annonça sa mission terminée.

OK

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